Entre 1975 et 1979, les Khmers rouges ont régné sur le Cambodge, imposant au peuple une vision radicale et une interprétation sanglante du communisme maoïste. Le mouvement est alors sous les ordres d’un seul homme : Pol Pot.
Pol Pot, chef sanguinaire des Khmers rouges
Saloth Sâr, plus tard appelé Pol Pot, naît en 1928 selon les sources officielles à Prek Sbauv, dans la province de Kampong Thom. Issu d’une famille « sino-khmère » de la classe supérieure, il suit dans son pays un enseignement catholique avant de s’envoler étudier en France en 1949, à l’École française de radio-électricité. Très concerné par la politique de son pays, alors en pleine guerre d’Indochine, Pol Pot rejoint le Parti communiste français dès son arrivée à Paris, où il rencontre ses futurs collaborateurs Khieu Samphan et Ieng Sary.
Les jeunes étudiants créent alors dans la capitale française le Cercle marxiste des étudiants khmers. De retour à Phnom Penh en 1953, il occupe brièvement un poste de professeur de français avant d’entrer en politique au sein du Parti révolutionnaire du peuple khmer, qu’il rebaptisera plus tard Parti communiste du Kampuchéa lorsqu’il en est élu secrétaire du comité. L’ascension politique de Saloth Sâr n’échappe pas aux dirigeants de la Chine communiste, qui le considèrent alors comme un « Political Potential », un surnom d’où est tiré le nom Pol Pot sous lequel il se fera connaître du monde entier plus tard.
Pol Pot et la résistance communiste
Régulièrement inquiété par la police pour ses activités, il prend le maquis avec ses compagnons en 1963 et rejoint les rangs des résistants au régime du Prince Norodom Sihanouk dans le nord du pays. Il y prend rapidement les commandes de la rébellion et mène une guérilla contre le régime central, même après le coup d’Etat du maréchal Lon Nol en 1970. Avec le soutien de la République populaire de Chine et des forces nord-vietnamiennes, ainsi que des paysans fuyant les bombardements américains dans le nord du pays, les troupes de Pol Pot enregistrent de nombreux succès. En 1974, la quasi-totalité des provinces du Cambodge tombe sous la coupe des Khmers rouges, à l’exception de Phnom Penh. Les forces communistes de Pol Pot entrent toutefois dans la capitale le 17 avril 1975 sous la direction de celui qui se fait appeler alors « frère numéro un ».
Pol Pot, ou comment gouverner par la terreur
Rapidement, Pol Pot assoit sa domination sur l’Angkar, l’organe suprême des Khmers rouges et transmet au peuple sa volonté de faire du Cambodge un pays sans lutte de classes, placé sous le joug d’un régime totalitaire. Sa première action a été d’ordonner l’arrestation et l’exécution des proches du gouvernement, puis d’évacuer toutes les villes du pays, avant de s’attaquer aux autres opposants qui osent remettre en question son autorité. Nommé Premier ministre en 1976, Pol Pot poursuit son oeuvre en s’attaquant à d’autres couches de la population, notamment les Khmers ayant entretenu par le passé des liens avec les Vietnamiens, les Khmers parlant vietnamien et les Vietnamiens présents au Cambodge.
Mystérieux jusqu’au bout
Au total, entre 1,7 million et 2 millions de personnes ont péri sous le régime de Pol Pot, entre 1975 et 1979, année où le Vietnam libère Phnom Penh. Pourchassé, Pol Pot se réfugie à nouveau dans la jungle cambodgienne, où il est toujours considéré comme le Commandant en chef des Khmers rouges. Il a été finalement arrêté en 1997 après l’assassinat de son ancien ministre de la défense, Song Sen, et de sa famille. Condamné à une assignation à résidence à perpétuité, il meurt un an plus tard, à l’âge de 73 ans, à son domicile, officiellement à la suite d’une « crise cardiaque ». Les circonstances réelles de son décès restent néanmoins floues, son corps ayant été incinéré rapidement, avant que des légistes envoyés par le gouvernement cambodgien aient pu faire une autopsie.
Pour aller plus loin :
CAMBODGE – LA DICTATURE DES KHMERS ROUGES 1975 – 1979 – COFFRET 3 DVD