Histoire du poivre de Kampot

Ce dossier spécial Poivre de Kampot est composé de 2 articles :
Qu’est-ce que le poivre de Kampot ?
Histoire du poivre de Kampot

Premier produit à bénéficier de l’Indication Géographique Contrôlée au Cambodge, le poivre de Kampot doit son appellation à la province cambodgienne du même nom, située au sud-est du pays, sur les rives du golfe de Thaïlande. Réputé pour ses valeurs gustatives ainsi que ses saveurs exceptionnelles, ce poivre parfumé est particulièrement recherché, la région étant propice à l’épanouissement de nombreux végétaux. Car les facteurs naturels favorables à la culture du poivrier, cette liane aux baies très aromatiques, se conjuguent pour donner des fruits d’une grande qualité. En effet, proches d’une montagne, les terres poreuses de la province permettent un drainage optimal des cultures, régulièrement hydratées par d’abondantes précipitations, ce qui lui confère un caractère unique. Pourtant, la culture de cette épice d’exception est longtemps tombée en désuétude en raison d’épisodes historiques douloureux…jusqu’à ce qu’elle renaisse de ses cendres.

Les premiers à cultiver les poivriers auraient été des paysans originaires de Hainan, une île tropicale chinoise. La plante, une liane, poussait en milieu naturel, en grimpant le long des arbres. Au Cambodge, si certains écrits permettent de dater les prémices de la culture des poivriers au 13ème siècle, cette dernière n’a seulement connu son apogée qu’au 19ème siècle, lors de la période coloniale. C’est en effet à cette période que les Français, fraîchement débarqués dans le pays, apportèrent avec eux de nouvelles techniques de production, mais aussi de commercialisation. Car ils souhaitaient développer le commerce du poivre en Cochinchine, afin que celle-ci devienne la première région productrice de cette épice. C’est ainsi que Kampot découvrit la culture intensive, culture devant permettre une exportation à grande échelle du poivre, non seulement en France, mais également en Europe. Les plus grands cuisiniers adoptèrent d’ailleurs très vite cette épice à l’arôme exceptionnel, qui devint un produit d’exportation de premier choix (le principal port cambodgien susceptible de l’exporter étant celui de Kampot). La fin de la culture en milieu naturel, au coeur de la forêt, était amorcée : les poivriers furent plantés en plaine, leurs lianes grimpant sur des tuteurs de bois mort. La production s’envola alors : jusqu’à 8000 tonnes annuelles jusqu’au début du 20ème siècle.

Mais en 1908, la création d’un impôt sur cette denrée fit chuter la production, qui se stabilisa jusque dans les années 60 à environ 3000 tonnes. Malheureusement, l’arrivée au pouvoir des Khmers rouges dans les années 70 marqua le déclin de la culture des poivriers, déjà fort éprouvée : dépossédés de leurs terres, ou déportés, les paysans ne purent plus cultiver ces végétaux, qui périclitèrent progressivement pendant les 3 décennies que dura ce règne. De ces poivrières abandonnées voire détruites, il n’en resta plus qu’une poignée, dont la survie semblait compromise. Quelques familles, de retour sur leurs propriétés, se mirent cependant à nouveau à cultiver les poivriers. Mais le prix du poivre, qui flambait alors, attisa les convoitises : de nombreux producteurs se mirent à l’exploiter, entraînant ainsi une chute des prix. S’effectuant à perte, la production n’était plus rentable : les poivrières furent à nouveau délaissées. Pourtant, l’intervention en 2005 d’une ONG, consciente de ce potentiel régional, permit de relancer la production du poivre de Kampot, grâce à de nouveaux débouchés et une meilleure rémunération. Avec pour conséquence le renouveau de la culture des poivriers, ainsi que de son exportation à l’étranger (sa qualité valant toutes les réputations).

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